Né en 1973 en République Démocratique du Congo, Zemba Luzamba s’initie à l’art dès le plus jeune âge dans sa ville natale de Lubumbashi. Après des études à Lusaka, en Zambie, le jeune artiste renonce à retourner dans son pays d’origine en raison du climat d’instabilité politique qui y règne et décide de s’établir en Afrique du Sud où il réside depuis l’an 2000.
Depuis lors, devenu le chroniqueur de son expérience personnelle de la migration, l’artiste interroge à travers ses œuvres les structures sociales et politiques du pouvoir en Afrique et nous délivre une vision intimiste des communautés migrantes au sein desquelles il a puisé son inspiration au cours des 15 dernières années.
Réaliste contemporain, la singularité du travail de Zemba Luzamba réside dans sa forte dimension narrative, offrant un aperçu unique des scènes de la vie quotidienne. Mais si les œuvres du peintre congolais nous intriguent et soulèvent en nous des questionnements, c’est aussi parce que cette quête presque naturaliste est nuancée par un manque de spécificité du contexte dans lequel évoluent les sujets ordinaires qui peuplent ses toiles.
Avons-nous affaire à un travail de mémoire, d’observation ou d’imagination ? Ces scènes ont-elles pour théâtre l’ancien Congo ou la nouvelle Afrique du Sud ? Telles sont les interrogations qui affleurent d’abord en nous devant les toiles de ce peintre de l’ordinaire.
Et puis, très vite, l’intuition d’une signification plus subtile, d’un sens caché nous taraude. Les ombres anonymes que l’on rencontre au gré de ses toiles, ne sont-elles pas les instruments formels et innocents d’une dénonciation satirique destinée à retranscrire le style de vie des élites post-coloniales tout en remettant ces dernières en question ? De même, les vêtements occidentaux soignés arborés par les personnages de ses tableaux doivent-ils être interprétés comme la représentation fidèle de la tradition des Sapeurs congolais ou comme la critique ironique de certaines dynamiques sociales ?
Si ces questions demeurent en suspens, toujours est-il que le choix du peintre de situer ses sujets dans des champs de couleur qui les dissocient d’espaces et de temps palpables, permet à Zemba Luzamba de délivrer à travers ses peintures des messages universels, que chaque spectateur interprétera librement, à l’aune de son propre vécu.
Exposé en Afrique mais également au Qatar à l’Arak Collection, en Californie chez Cultures Inc, ou encore en Italie à la Scalabrini House, la réputation de ce peintre de stature internationale n’est plus à faire, et son travail fait l’objet de nombreuses publications, à l’image de l’article « Dress code : the politics of dress, oppression and self-determination in the works of Zemba Luzamba » publié par la spécialiste sud-africaine Kirsty Cockerill en 2019 ou encore de l’article « From giants to heavy metal: contemporary African art - in pictures » publié par le Guardian en mars 2015. Zemba Luzamba a également fait l’objet de deux documentaires : l’un dans le cadre de l’émission African Voices de CNN en 2018 ainsi qu’un second réalisé par Beki Boneni et produit par Uvimba Media en 2015.